Le mot « Agadir » est d’origine amazigh phénicienne désignant la petite localité (douar) de pêcheurs amazighs installée sur un site élevé pourvu d’une rade, et aménagée en grenier fortifié : « Grenier collectif ou village fortifié » où les villageois venaient y abriter leurs denrées, récoltes, biens et, même des fois, leurs vies lors des agressions externes. Aujourd’hui encore, ce mot est présent dans la région du Souss et désigne une sorte d’entrepôt pour tous les biens d’une tribu.
Sur le site d’Agadir, au XII siècle, un grenier fortifié est utilisé par la tribu côtière des Ksima qu’entre XIV et XVème siècle (1325 et 1470), les cartes européennes l’indiquent sous le nom de Porto Mesguinam (Port des ksima). L’histoire nous rapporte que le site d’Agadir fut longtemps l’objet de convoitises et de batailles opposant les tribus locales aux envahisseurs étrangers.
En 1505, un Portugais, du nom de João Lopes de Sequeira, installa à Agadir sa pêcherie et ses ateliers qui ne tardèrent pas à prospérer rapidement et donner ainsi naissance à un petit village de pêcheurs. Un comptoir commercial fut édifié au pied d’«Agadir Oufla » qui domine la rade, sur une altitude de plus de 200 mètres.
En 1513, l’isolement et l’insécurité poussèrent João Lopes de Segueira à céder son installation à Manuel 1er, roi du Portugal, qui soumit la région à l’autorité portugaise, agrandit le port et y installa une garnison. La Santa Cruz de Cap de Gué (Do Cabo de Ager en portugais, nom de la petite église de la cité portugaise) devient alors un comptoir commercial actif par où transitent de nombreux produits du sud marocain et du Soudan fréquentés par des négociants européens de toutes nationalités.
Après un siège de six mois, Mohamed Ech Cheikh, fondateur de la dynastie Saâdienne, a libéré la ville des Portugais le 12 mars 1541. Trente ans plus tard et pour dissuader les Portugais de tout éventuel retour, son fils édifia la Casbah, qui domine l’océan à ce jour.
Durant le règne des Saadiens, Agadir et sa région prospérèrent. Le Souss devint la partie du royaume privilégiée des Saadiens qui y développèrent la culture de la canne à sucre dans la région de Taroudant et Chichaoua (plante d’origine Orientale). Le sucre était une denrée très recherchée dans les échanges commerciaux qu’Espagnols, Français, Hollandais et surtout Anglais venaient négocier à Agadir (de même que l’or ramené du Soudan). Agadir devint alors un passage obligé des caravanes vers Tombouctou.
Lors de l’avènement de la dynastie alaouite au XVIIIème siècle et particulièrement en 1760, pour punir les tribus insoumises du sud, le Sultan Sidi Mohamed Ben Abdallah transféra les activités portuaires d’Agadir à Mogador (actuelle ville d’Essaouira). Commença alors une longue période de léthargie où Agadir est ruinée et le Souss entier tomba dans une anarchie quasi totale.
Sous prétexte de protéger les citoyens allemands en 1911, l’Empereur Guillaume II, roi de la Prusse, provoqua le « coup d’Agadir » par l’envoi d’une canonnière (le « Panther », navire léger armé de canons) de la marine de guerre allemande dans la baie d’Agadir. La France s’y opposa et proposa de négocier un accord : Le gouvernement Caillaux, conscient du très grave danger qu’une guerre représente, préfère négocier. Ces négociations sont conduites, côté français, par le président du conseil Joseph Caillaux et l’ambassadeur français à Berlin Jules Cambon, et, côté allemand, par Kinderlen, ministre des Affaires étrangères allemand. Aux termes d’âpres tractations, l’Allemagne renonce à être présente au Maroc en échange de l’abandon par Paris de 272 000 km2 de territoires d’Afrique équatoriale, au Gabon, au Moyen-Congo et en Oubangui-Chari, au profit du Cameroun allemand. Après que les deux pays sont parvenus dès le 11 octobre à un accord qui soulage les observateurs, un traité officiel franco-allemand est signé le 4 novembre 1911 à Berlin, laissant les mains libres à la France au Maroc. C’est alors seulement que les bâtiments allemands quittèrent définitivement la baie d’Agadir, le 28 novembre 1911.
En 1913, Les troupes françaises occupèrent Agadir, constitué alors de deux petits noyaux d’habitat : Founty (300 pêcheurs) et la Kasbah (400 habitants).
Entre 1928 et 1932, le bourg d’Agadir avec ses 2000 habitants a été promu au rang de Municipalité et le premier plan d’aménagement de la ville a été approuvé. Pendant les années 30, Agadir devint une importante étape pour l’«Aéropostale». Saint Exupéry et J Mermoz y faisaient escale avant la traversée de l’Atlantique.
Le 29 février 1960 à 23h 47, un tremblement de terre destructeur secoue la ville : dans les quartiers de Founty, Yachech et de la Kasbah, tous les bâtiments furent détruits ou sévèrement endommagés, 95 % de la population de ces zones fut ensevelie. Dans le quartier de Talbordjt, entre 60 % et 90 % des bâtiments furent détruits ou gravement endommagés, la ville nouvelle et le front de mer ont été relativement épargnés, et détruits à 60 %. Le séisme a fait entre 12 000 et 15 000 morts, soit plus du tiers de la population, et environ 25 000 blessés.
Agadir après 1960 : La ville actuelle est reconstruite à plus de 2 km au sud, sous la conduite des architectes Jean-François Zevaco, Élie Azagury, Pierre Coldefy, Claude Verdugo. Agadir est devenue une grande ville (plus de 500 000 habitants en 2004), disposant d’un grand port avec quatre bassins : port de commerce avec tirant d’eau de 17 mètres, triangle de pêche, port de pêche, port de plaisance avec marina.
Agadir, sacré premier port sardinier au monde dans les années 1980, possède une série de plages célèbres s’étirant sur plus de 50 kms avec une de belles promenades de front de mer (La baie d’Agadir et la baie de Taghazout sont membres du Club des plus belles baies du Monde). Son climat modéré offre 340 jours de soleil par an et permet la baignade en toutes saisons ; l’hiver y est exceptionnellement doux et la brume d’été adouci fortement la chaleur de l’été.
Agadir, premier port de pêche du Maroc, est aussi le premier pôle touristique du Maroc (place actuellement disputée par Marrakech). L’activité commerciale y est également en plein essor avec l’exportation d’agrumes et de légumes produits dans la fertile vallée du Souss.
Desservie par l’Aéroport International d’Al Massira, la ville avec ses immeubles blancs, ses larges boulevards fleuris, ses hôtels modernes et ses cafés de style européen, n’est plus une ville typique du Maroc traditionnel, mais c’est une cité moderne, active et dynamique, résolument tournée vers l’avenir.